Maanjidowin: The Gathering (« La réunion »)

À l’Aéroport Billy Bishop de Toronto, sur le quai massif surplombant le chenal Ouest, trône une sculpture baptisée Maanjidowin, commandée par PortsToronto pour rendre hommage à la Première Nation des Mississaugas de Credit et à la relation que celle-ci entretient avec les espaces terrestres, aériens et aquatiques au sein desquels l’Aéroport exerce aujourd’hui ses activités. L’œuvre représente trois pêcheuses mythiques – Mukwa-kwe (l’ourse), Nigig-kwe (la loutre) et Migizi-kwe (l'aigle) – venues pêcher dans les îles et estuaires qui bordent le rivage du lac Ontario, à Toronto.

Sur le canot dans lequel les pêcheuses sont assises figurent avec des mots et des symboles d'importance pour les Mississaugas du Crédit, y compris la roue de médecine et les Sept Enseignements des Aînés, des lignes directrices correspondant aux fondements moraux et culturels de la vie.

Le sculpteur – David General – est un artiste mohawk et oneida issu des Six Nations de la rivière Grand, qui travaille essentiellement la pierre et est connu pour son style s’inspirant à la fois des traditions autochtones et de l’esthétique moderniste.
 

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L'artiste David General met la touche finale à la sculpture.
 

Qui sont les Mississaugas de Credit?

Les Mississaugas, qui font partie de la nation des Ojibwés, arrivèrent dans la région à la fin du XVIIe siècle. Ils migraient en fonction des saisons et, au printemps, montaient leurs wigwams sur les bords plats des rivières et cours d’eau se jetant dans le lac Ontario. Les abords de la rivière Credit faisaient partie de leurs lieux de prédilection pour la chasse, la pêche, le commerce et les activités de nature spirituelle. Ils capturaient le saumon – l’une de leurs principales sources de nourriture – aux flambeaux durant les pêches de printemps et d’automne. Une fois la saison de pêche printanière terminée, ce peuple se dispersait sur l’ensemble de son territoire pour tirer profit des ressources saisonnières. Au début de l’hiver, les Mississaugas s’éloignaient du lac pour aller s’installer dans des camps de chasse familiaux, plus à l’intérieur des terres.

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Une ère de changement

La signature de divers traités avec la Couronne britannique entraîna l’érosion de l'assise territoriale des Mississaugas de Credit, et l’effondrement de leur mode de vie traditionnel. Les colons arrivés dans la région épuisèrent une grande partie des ressources indispensables à la survie de ce peuple, et lui transmirent de nouvelles maladies qui le décimèrent. Craignant de disparaître, les Mississaugas – avec l’aide de Kahkewaquonaby (le révérend Peter Jones) – passèrent d’une société de chasseurs-cueilleurs à une société d’agriculteurs, qui connut une période faste dans le village de la mission de la rivière Credit entre 1826 et 1847. Infatigables, ils parvinrent à clôturer et à cultiver 900 acres de terre, et se lancèrent également dans l’élevage de cochons, de vaches et de poules. Leur village prospéra, et ils évitèrent ainsi l’extinction, qui semblait pourtant imminente quelques années plus tôt.

Pour en apprendre davantage sur les traités visant la cession de terres, cliquez ici

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Les Mississaugas de Credit aujourd’hui

En raison de l’empiètement des colons sur leurs terres, et de l’impossibilité d’obtenir un titre de propriété pour les parcelles qu’ils exploitaient au village de la mission de la rivière Credit, les Mississaugas quittèrent leurs foyers en 1847 et se réinstallèrent sur un terrain de 6 000 acres près de l’actuelle ville de Hagersville, en Ontario. Leur communauté continua de prospérer à « New Credit », et compte aujourd’hui 2 700 membres. Le projet des Mississaugas de Credit pour l’avenir est de former une communauté forte, bienveillante et connectée, qui respecte les dons de la terre et protège l’environnement pour les générations futures. Ayant déjà prouvé leur capacité de résilience par le passé, ils se projettent dans le futur avec assurance.
 
Pour en apprendre davantage sur la Première Nation des Mississaugas de Credit, cliquez ici

Inscriptions figurant sur la sculpture

Maanjidowin: The Gathering (« La réunion ») est une œuvre de granite et de bronze sculptée par l’artiste David M. General. Sur cette sculpture figurent des mots et symboles importants pour les Mississaugas de Credit.
 
Sept Enseignements des Aînés (côté nord du canot)
Les Sept Enseignements des Aînés sont des lignes directrices correspondant aux fondements moraux et culturels de la vie.

  • Gwekwaadeziwn (Honnêteté)                          
  • Aakidehewin (Courage)                                    
  • Debwewin (Vérité)                                            
  • Nbwaakaawin (Sagesse)
  • Zaadigen (Amour)
  • Mnaadenmewin (Respect)
  • Dhaanediziwini (Humilité)
 
Roue de médecine (côté sud du canot)
La roue de médecine est utilisée depuis des générations à des fins de santé, de guérison et d’enseignement. Elle représente les quatre directions, mais aussi le Ciel père, la Terre mère et l’Arbre spirituel – qui évoquent tous des dimensions de la santé et des cycles de la vie.
  • Waabanong (Vent d’est)
  • Zhaawanong (Vent du sud)
  • Nin-gi-obe-anong (Vent d’ouest)
  • Giiwe-dinong (Vent du nord)
 
Emblèmes
Le canot arbore à ses extrémités les emblèmes de la Nation des Mississaugas et de la Première Nation des Mississaugas de Credit.
 
Plume
Une plume a été gravée sur le canot. Elle représente le révérend Peter Jones, qui a aidé les Mississaugas à déménager pour aller s’installer sur des terres agricoles, et dont on dit qu’il a contribué à sauver ce peuple et sa culture.
 

Tatouages sur les bras

Noms
Le nom anishinaabemowin des créatures représentées est gravé sur leurs bras. Comme l’indique le suffixe –kwe ajouté à chacun de ces noms, ces créatures sont toutes de sexe féminin : les femmes jouaient en effet un rôle central en tant que gardiennes des traditions culturelles se rattachant à l’eau.
  • Makwa-kwe (l’Ourse)
  • Nigig-kwe (la Loutre)
  • Migizi-kwe (l’Aigle)
 
Symboles
Chaque créature porte également un tatouage représentant son espèce.
 
Prières et poésie
Deux phrases de l’actuel gimaa (« chef ») R. Stacey Laforme sont inscrites à la base de la sculpture. Un saumon et des vagues y sont également gravés.
 
  • “We must always remember the real reason we gather. To do the right thing for our people, for our children, for our future.” (Nous ne devons jamais oublier la véritable raison pour laquelle nous nous réunissons : faire ce qu’il faut pour notre peuple, nos enfants et notre avenir.)
 
  • “We give thanks to the Creator for allowing this gathering. We ask that he guide us.” (Nous remercions le Créateur de rendre cette réunion possible, et lui demandons de nous guider.)

 
Gimaa R. Stacey Laforme
 

À propos de l’artiste David M. General

Artiste accompli, conférencier et dirigeant communautaire, David M. General développe son style de sculpture distinctif depuis 1975. Il est connu pour ce style s’inspirant à la fois des conceptions autochtones et de l’esthétique moderniste, et pour sa préférence pour les grands blocs de matériaux traditionnels comme le granite, le bronze et le bois de feuillus indigènes et exotiques. M. General exerce à l’heure actuelle plusieurs fonctions consultatives, notamment en tant que membre du conseil d’administration de la Collection McMichael d'art canadien, membre du comité consultatif autochtone du Conseil des arts du Canada, membre du conseil d’administration du Conseil des arts de l’Ontario, et mentor/conseiller autochtone à l’Université de l'École d'art et de design de l'Ontario. Il est l’auteur de nombreuses œuvres, qui ont notamment été exposées dans des institutions canadiennes et européennes. Cliquez ici pour en savoir plus (document en anglais).